
Styrène
Les conclusions du rapport d’expertise collective du comité d’experts de l'ANSES pour le styrène recommandent de fixer :
- une valeur limite d’exposition professionnelle sur 8 heures (VLEP 8 h) de 100 mg/m3 (soit 23 ppm) dans l’objectif de prévenir sur les lieux de travail d’éventuels effets neurotoxiques,
- une valeur limite court terme sur 15 minutes (VLCT 15 min) à 200 mg/m3 (soit 46 ppm) pour éviter les pics d'exposition susceptibles d'induire une irritation du système respiratoire,
Le réseau prévention des Carsat a décidé d'accompagner les entreprises mettant en œuvre du polyester stratifié afin de les aider à prévenir les risques liés aux expositions au styrène.
L'arrêté du 23 mars 2016 et le décret n° 2016-344 du même jour ont entérinés dans le code du travail ces valeurs limites d'exposition professionnelle proposées par l'ANSES.
L'arrêté du 23 mars 2016 a, dans un premier temps, modifié la VLEP indicative du Styrène, celle-ci est en vigueur depuis le 1er janvier 2017.
2 ans plus tard, soit au 1er janvier 2019, c'est le décret n° 2016-344 qui entrera alors en vigueur et qui transformera cette VLEP indicative en VLEP contraignante.
Les textes indiquent aussi la possibilité d'une pénétration cutanée importante ainsi que d'une atteinte auditive en cas de co-exposition au bruit.
Le styrène est un irritant puissant des muqueuses respiratoires et oculaires.
Il exerce, par inhalation, une action sur le système nerveux central qui se traduit, suivant la dose d’exposition, par des maux de tête, des vertiges, des troubles de la coordination, de la fatigue générale, de la somnolence ou des pertes de mémoire.
En plus de ces symptômes, l’exposition régulière au styrène peut conduire à des troubles chroniques tels que :
- perte auditive permanente chez l'animal, effet potentialisé par l'éthanol et le bruit
- désordres digestifs (nausées, perte d’appétit)
- troubles respiratoires (rhinite, asthme, voire insuffisance respiratoire chronique consécutive à l’asthme)
- dermatoses
- irritation oculaire (conjonctivite)
Cancérogénèse, mutagénèse, tératogénèse
Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a classé le styrène dans le groupe 2B : substance cancérogène possible.
Enfin, des anomalies du système nerveux central ont été signalées chez les enfants de mères exposées à ce produit.
Le styrène va être classé H361d, reprotoxique de catégorie 2 (effets sur le fœtus) au niveau européen.
Selon le règlement CLP (Classification Labelling & Packaging) et ses adaptations, cette substance est classée :
- liquides inflammables, catégorie 3 ; H226
- toxicité aiguë par inhalation, catégorie 4 ; H332
- lésions oculaires graves/Irritation oculaire, catégorie 2 ; H319
- corrosion/Irritation cutanée, catégorie 2 ; H315
Applicable au 1er janvier 2016 dans le règlement européen :
- susceptible de nuire au fœtus ; H361d
- risques avérés d'effets graves pour les organes de l'ouïe, H372
- cette substance est visée par les tableaux n° 66 et 84 des maladies professionnelles.
Pour plus de précisions, consulter la fiche toxicologique INRS n° 2, édition 2012 et le règlement (UE) 2015/491 de la commission du 23 mars 2015.
B - Accompagnement prévu par les Carsat
Tout déplierLa réduction des expositions au styrène dans la fabrication du polyester figure parmi les quatre actions prioritaires inscrites au plan d’actions CMR de la CNAM et des Carsat pour la période 2014-2017.
L'accompagnement des Carsat est prévu en plusieurs phases jusqu'en 2017 :
Quatre paramètres principaux influent sur les expositions au styrène :
- la nature des pièces fabriquées (taille et forme)
- le procédé utilisé
- la résine mise en œuvre
- les protections collectives utilisées
Les anciennes données d’expositions atmosphériques disponibles ne permettaient pas une analyse fine selon ces quatre critères. Une campagne d’évaluation a donc été organisée courant 2013 afin de recueillir ces informations et permettre de mieux organiser l’action Cnam 2014-2017.
Celle-ci avait pour objectif de :
- repérer ou confirmer les tâches les plus exposantes dans la profession en fonction des paramètres précités
- repérer l'état des protections collectives existantes pour chacune de ces tâches
- mettre en évidence les mesures de prévention les plus adaptées en fonction des bonnes pratiques rencontrées durant la campagne de mesures et de l'expérience des Carsat dans le domaine.
Pour connaitre les résultats de la campagne et des états des lieux, consultez le document "Styrène Préventica 2014" et "Styrène Préventica 2015".
Un document de synthèse intitulé "Styrène et polyester : niveaux d'exposition et actions de prévention" paru dans la revue technique HST (hygiène et sécurité du travail) n° 238 fait le point sur la campagne d'évaluation menée courant 2013 et sur les actions à envisager de réduction des expositions au styrène.
Une des phases de l'action des Carsat porte essentiellement sur la formation des salariés au risque chimique.
Pour rappel, la formation régulière des salariés sur les dangers des produits et les mesures de prévention est réglementairement obligatoire. Comme pour tout risque professionnel, la démarche de prévention du risque chimique s’appuie sur les principes généraux de prévention, édictés par le Code du travail, à savoir essentiellement :
- éviter les risques si possible en les supprimant
- les évaluer, les combattre à la source
- remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est pas ou qui l’est moins (principe de substitution)
- privilégier les mesures de protection collective sur les mesures de protection individuelle
- assurer la formation et l’information des salariés
Pour vous aider à répondre à cette obligation, le réseau prévention a élaboré, en partenariat avec le GPIC et la FIN un référentiel de formation "théorique" adapté à votre activité. Ce dernier peut :
- soit compléter, si besoin, la formation sur le risque chimique que vous dispensez déjà à vos salariés
- soit vous permettre de bâtir un module de formation adapté aux besoins de votre entreprise
Téléchargez les diaporamas :
Prévenir les risques liés à l'utilisation du styrène dans la transformation du polyester
Une durée de 2 heures a minima est indispensable, cette formation peut être séquentielle et réalisée en tout ou partie au sein même de l'atelier si cela s’avère plus adapté à votre activité.
Les entreprises qui ne disposent pas de personnes compétentes pour effectuer cette formation des salariés en interne peuvent, bien évidemment, solliciter un organisme de formation en mesure de la réaliser. A ce titre, le GPIC et/ou la FIN peuvent vous aider à l'organiser en vous indiquant notamment les modalités pratiques des formations (organismes, prix, financement éventuel, date et lieux des stages…).
Par ailleurs, certains services de santé au travail de la région peuvent être susceptible d'accompagner l'entreprise dans cette démarche.
L’organisation de cette formation peut, en sus du service de santé au travail, impliquer le ou les chargé(s) de sécurité et/ou les membres du CHSCT (ou à défaut les délégués du personnel).
Quelle que soit la formule choisie par l'entreprise, nous nous assurerons que les entreprises concernées ont bien réalisé cette formation auprès de tous leurs salariés avant le 31 mars 2016.
A l'issue de la formation des salariés, l'entreprise devra nous transmettre l'attestation dûment remplie.
Fort logiquement, les entreprises qui ont déjà formé leurs salariés au risque chimique ne seront pas dans l'obligation de renouveler la formation si son contenu a bien pris en compte les risques spécifiques à l’entreprise et a été actualisé en fonction de l’avancée des connaissances sur les agents chimiques, dont le styrène.
Pour les entreprises dont les processus ne permettent pas (et/ou qui n'envisagent pas) de réduire suffisamment les niveaux d'exposition des salariés au styrène, il est demandé, afin de mieux comprendre les situations de blocage de remplir le questionnaire "Trame argumentaire".
La campagne de mesures et les questionnaires états des lieux ont permis de guider et de conforter les actions prioritaires retenues au niveau national par la Cnamts :
- réduire le risque à la source
- privilégier les techniques "moule fermé" permettra de réduire les expositions, mais aussi les débits d’extraction – donc les coûts de fonctionnement des installations de protection collective et les coûts de traitement des effluents
- privilégier les résines moins émissives pour les procédés "moule ouvert" : prioritairement des résines FTS (faible teneur en styrène)
A noter, certains substituts peuvent présenter a minima des risques analogues à ceux du styrène
Remarques : les résines FES (faibles émissions en styrène) sont composées d'adjuvants non compatibles avec la résine. Ces derniers forment un film barrière en surface qui limite les émanations de styrène pendant les phases statiques (polymérisation…). Ces adjuvants ne permettent pas de diminuer les niveaux d'exposition pendant les phases de projection
Téléchargez le Guide résines polyester insaturé dans les matériaux composites
- mettre en œuvre des protections collectives efficaces, notamment :
- pour les opérations de gelcoatage, de moulage au contact et de projection simultanée : utilisation de cabines ventilées performantes (et gérées) adaptées quand la taille et la forme des pièces le permettent, notamment dès lors qu’il y a pulvérisation
- pour la réalisation et/ou la réparation de grosses pièces par moulage contact ou par projection simultanée et pour l'enroulement filamentaire : rechercher activement des solutions de captage efficaces et adaptées aux types de pièces fabriquées
Dans l’attente, utiliser des EPI adaptés, entretenus et correctement stockés ;
- le séchage des pièces doit être réalisé dans un local ventilé si possible séparé
- en matière de protection individuelle, un équipement de protection respiratoire est nécessaire pour toutes les phases au contact rapproché des pièces émissives (ébullage, par exemple) ou lorsque la protection collective doit être complétée. Il faut utiliser a minima un masque à cartouche :
- A2 en présence de styrène et AX en présence de styrène + acétone
- P3 dè qu’il y a pulvérisation.
Une cagoule avec ventilation assistée assure une protection plus efficace car mieux supportée et donc portée. En outre, elle permet une protection du visage et le port de lunettes correctrices si besoin.
Attention : l’adduction d'air doit être envisagée pour les plus fortes concentrations.
La protection de la peau ne doit également pas être négligée : vêtements de travail et gants doivent être portés.
Compléter ces mesures par une séparation des tâches exposantes, un captage aux postes de préparation résines (en SMC : aux postes de découpe et de pesée de pré-imprégnés également), des systèmes de rotation des pièces permettant d’éviter de se retrouver dans le flux d’air extrait, rejet pompes à vide hors atelier, etc. ; former le personnel pour connaître les risques et les mesures de prévention.
Pour connaître les différents leviers d'actions et faire d'une exigence réglementaire une opportunité à agir, consulter le diporama "Styrène préventica 2016".
Différents documents d'aide à l'action ont été réalisés à destination des entreprises et des préventeurs :
Présentation de l'action Styrène des Carsat dans l'activité du polyester
Guide Résines polyester insaturé dans les matériaux composites
Par ailleurs, vous pouvez consulter :
Mise en œuvre des polyesters stratifies, Guide pratique de ventilation n°3, INRS, ED 665
Les appareils de protection respiratoire, INRS, ED 6106
La fiche toxicologique, INRS, FT 2
Pour plus d'informations sur l'action Styrène, veuillez contactez :
- Fabrice Leray au 02 51 72 84 61
DOCUMENT(S) ASSOCIE(S)


-
Forum Entreprise à la Roche/Yon
-
Des webinaires par secteur d’activité pour vous aider à prévenir les risques professionnels
-
Employeurs : découvrez les mesures de prévention dans l’agroalimentaire
-
Réduire les risques liés aux opérations de toilage manuel
-
Webinaire "Prévenir les risques biologiques dans les filières viandes"